Jean Grenier, le bon sens naturel
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Faut-il être instruit pour comprendre quelque chose à l’économie ? Jean Grenier, qui vient de consacrer 15 ans de sa retraite à promouvoir l’Économie Distributive (ED), nous prouve que la simplicité du bon sens peut suffire.
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Que faites-vous de beau dans la vie ?
Je suis né en 1930 au fin fond des forêts de la Dordogne. Mes géniteurs étaient aussi éloignés de la culture générale qu’ils l’étaient des autres lieux habités et civilisés. Cet isolement m’a permis de construire mon cerveau loin des « convenances » mais en concordance avec mon entourage. J’ai donc su lire la nature très jeune. Mon ouverture a souvent mis en difficulté mes parents. Je leurs posais des questions auxquelles ils ne savaient pas répondre. Cette curiosité insatisfaite a produit en moi un sentiment de barrière. Comme la plupart des jeunes, je croyais que c’était moi qui étais idiot. Cette situation n’était pas de nature à me civiliser. Ce fut une raison supplémentaire pour intégrer totalement mon environnement.
Grâce à mon don d’autodidacte et à ma saine curiosité vers les choses que j’ignorais, j’ai pratiqué un bon nombre de métiers. Domestique de ferme, économe de collectivité privée, chauffeur, charpentier, ébéniste avec incrustation. Aujourd’hui je prends le temps d’apprécier la vie sans rien faire. Vivre à l’aise, détaché de tout, pour être vraiment libre. À 80 ans, des pertes de mémoire me contraignent à un ermitage et j’en suis bien heureux.
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Comment avez-vous connu l’ED ?
Ma découverte de l’ED remonte à longtemps. Avec le vice de me poser des questions, j’en suis arrivé à découvrir que nous vivions un système économique parfaitement illogique. Le système marchand est parfaitement incompétent pour gérer l’abondance. Une seule preuve : pour maintenir le prix de vente à un niveau convenable, il est obligé de détruire une partie des stocks qui seraient les bienvenus dans d’autres parties du Monde. Mais là je n’avais aucune réponse. Le hasard voulut que je découvre un journal, la Grande Relève1. Ce fut pour moi un changement de planète. Je savais ce qu’il me restait à faire : militer pour l’ED.
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Comment vous êtes-vous impliqué pour l’ED ?
J’ai été actif sur le sujet depuis les années 90. J’ai créé l’Association de Lot & Garonne pour une Économie Nouvelle, tenu des stands, diffusé des tracts. J’ai rédigé et édité2 trois livres. Espérance économique (1992), De l’horreur à l’espérance économique (1995), L’Économie Distributive à deux voix, c’est plus clair (2004).
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Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans l’ED ?
C’est la seule solution politique et économique possible. L’usage de la monnaie est à revoir, car aujourd’hui on la fait multiplier elle-même, c’est une erreur technique, illogique. Il faudra changer de valeur d’échange. Dans le futur, je supprimerais bien la monnaie, pour laisser chacun produire et échanger librement.
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Vos espoirs ?
Je n’en ai plus beaucoup. Détaché de tout, je vis à l’aise : plein de croyances, mais sans m’y attacher, pour être libre.
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Propos recueillis par Éric Goujot
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1 Grande Relève : 88 Bd Carnot – 78100 Le Vésinet – http://economiedistributive.free.fr/spip.php?rubrique1
2 Auto-édition : Bel-her – F-47500 Fumel
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publié dans le n°7 de septembre 2011, mis en ligne le 16/12/2011
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