Rassemblements Rainbow, l’utopie de la gratuité devenue réalité
Lorsqu’on présente l’Économie Distributive, beaucoup de gens prétextent que l’être humain n’est pas assez bon, que trop de gens en profiteraient… Les Rainbow Gathering (rassemblements arc-en-ciel) témoignent du contraire depuis plus de 40 ans..
.
Des gens vivent en communauté Rainbow toute l’année. Il y a également des rassemblements ponctuels : chaque année, sur tous les continents, des gens se rassemblent pour des temps forts. En train, en stop ou en caravane, des individus convergent vers le point de rendez-vous, en général un petit village ou un hameau. Commence alors le jeux de piste pour retrouver le campement qui se trouve au minimum à une demi-heure de marche du dernier chemin carrossable, dans une grande clairière au milieu d’une belle forêt.
.
Quelques dizaines de personnes pour les petits rassemblements, plusieurs milliers pour les plus gros, se retrouvent ainsi et vivent un partage fait de ce que chacun apporte. Les règles sont simples : gratuité, respect et tolérance maximum, et seulement 3 restrictions : pas d’alcool, pas de drogue et pas de chien – les exigences sanitaires sont plus difficiles à faire respecter aux animaux qu’aux êtres humains.
.
Chacun est libre de s’occuper comme il veut, peut ramasser du bois mort pour faire le feux, randonner dans la région, rester seul dans son coin, se rendre à l’espace cuisine pour préparer le repas… Tout est gratuit : les ateliers de découverte des plantes sauvages, les soins, les cours de musique… même le repas, servi à tous dans un grand food circle. Une décision est à prendre ? Les gens intéressés se retrouvent dans un cercle de parole : chacun écoute, parle à son tour. La parole tourne autant qu’il faut jusqu’à ce que plus personne n’ai envie d’ajouter autre chose.
.
Le seul moment où de l’argent circule, c’est après le repas : un chapeau passe, le Magic Hat, afin d’obtenir de l’argent pour payer la nourriture des repas suivants. Personne ne regarde si son voisin remplit le chapeau ou non. A la fin du rassemblement, l’argent restant est gardé pour débuter le rassemblement suivant.
.
Ce qui est génial, c’est qu’il y a toujours assez d’argent. S’il y a des profiteurs du système, ils ne perturbent pas le bon fonctionnement : il y a toujours assez, même dans des rassemblements très nombreux et très longs.
.
Utopique ? C’est la réalité. Ces rassemblements Rainbow, ouverts à tous, sont des preuves vivantes que la vie peut être harmonieuse et conviviale, détachée des problèmes d’argent.
.
Témoignage de Cathy*
.
« 1995, 29 ans, seule avec deux enfants de 3 et 4 ans et nos sacs à dos, en Inde. Je n’allais pas très bien mentalement, physiquement et nerveusement. Tout pouvait nous arriver, notre étoile nous a guidés vers le Rainbow Gathering. Par une suite de circonstances, je me suis trouvée avec les petits à 2400 mètres d’altitude dans un camp Rainbow en plein Himalaya, le premier rassemblement en Inde. Nous dormions dans des tipis, mangions ensemble, etc. Ah, je vous attends dire, un rassemblement hippies et quoi de neuf ?
La philosophie Rainbow est basée sur la culture indienne d’Amérique du Nord et aussi sur l’idée d’une famille universelle. Moi à cet période, j’avais vraiment besoin d’une famille, c’est sûr. Il n’y avait aucune obligation pour personne, les gens qui voulaient ne rien faire ne faisaient rien. Moi, je n’étais pas en état de participer, j’étais soutenue par le reste du groupe. J’ai mangé, mes enfants étaient en de bonnes mains, entourés, stimulés par les jeux etc.
L’idée est qu’il y a deux possibilités pour les gens qui ne VEULENT rien faire : soit après un moment ils n’ont pas trouvé pas leur place et partent d’eux-mêmes, soit ils trouvent dans leur fort intérieur l’envie de participer. Et ça a marché : après quelques semaines de soutien, j’ai repris mes forces et trouvé ma place dans le groupe, souvent en cuisine, souvent dans le rôle de maman. J’étais utile aux autres et peut-être plus capable d’aider ceux qui avaient besoin parce que moi-même j’ai reçu dans un grand moment de besoin. Je suis restée 3 mois dans ce campement.
Je me demande ce qui aurait pu m’arriver si je n’avais pas rencontré le Rainbow. L’ouverture de mon cœur et le fait que je sais que tout le monde est mon frère et ma sœur viennent de ma rencontre de cette ‘famille universelle’. Hippie ou non, je préfère voir le monde et le fonctionnement de la planète avec cette philosophie plutôt qu’avec l’idée d’individualisme que nos gouvernements, nos médias, nos écoles nous enseignent. »
.
Eric Goujot
.
Plus de renseignements sur http://frenchrainbow.free.fr
.
* Cathy est actuellement viticultrice en agriculture biologique dans le Beaujolais
.
publié dans le n°1 d’avril 2009, mis en ligne le 22/11/2011
Commentaires récents