Démocratie en entreprise
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La démocratie est-elle possible en entreprise ? Elle se vit sous multiples facettes dans les entreprises de l’Économie Sociale. Mais également dans certaines structures Solidaires, comme les Jardins d’ICARE.
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« Vous avez besoin de légumes, ils ont besoin de travail, alors ensemble, cultivons la solidarité ». Fort de la devise des jardins de Cocagne1, les Jardins d’ICARE (créés en 1997) ont d’abord une vocation d’insertion sociale et professionnelle en procurant un travail et un accompagnement à des femmes et des hommes de tous âges se trouvant en situation précaire et rencontrant des difficultés d’ordre professionnel, social ou personnel. 25 ouvriers maraîchers, encadrés par 6 professionnels du maraîchage et de l’insertion, produisent, sur 6,5 ha de terrains, des légumes biologiques commercialisés sous forme de paniers hebdomadaires à 340 adhérents-consomm’acteurs.
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De par l’objet social de cette entreprise un peu particulière, ils mettent en œuvre des pratiques participatives, avec ces fondements de base :
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chacun est capable d’apporter sa contribution à une réalisation collective, la vie de l’entreprise, qu’il soit encadrant ou ouvrier ;
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de même qu’on respecte l’environnement en agriculture bio, on respecte aussi les autres, et au final soi-même.
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Lors des réunions mensuelles de l’ensemble des salariés, le premier point de l’ordre du jour est intitulé : « chacun peut apporter des remarques sur des choses à améliorer concernant la vie collective ». Les idées sont discutées, et amènent parfois à décider de modifier le règlement.
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Une instance Santé et Conditions de Travail a été créée, sans obligation légale, avec des représentants des salariés élus par leurs pairs (2 collèges : les encadrants et les ouvriers). C’est une expérience très intéressante, à la fois de par l’exercice de la citoyenneté qu’est l’élection annuelle, l’apprentissage de la représentation, et de par la qualité du travail de cette instance consultative, dans laquelle les membres sont à égalité et apportent des points de vue différents.
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Des travaux en groupes plus restreints ont permis de préparer des prises de parole ou des évènements, sur des sujets pourtant pas faciles : « Comment sont mises en pratique aux Jardins d’ICARE les valeurs de l’Économie Sociale et Solidaire ? » « Mais où est donc l’or d’ICARE ? » autrement dit : « qu’est-ce qui est le plus précieux dans notre entreprise ? »
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Nous avons aussi travaillé collectivement sur l’amélioration de la qualité des paniers de légumes, sur l’élaboration du livret d’accueil des nouveaux salariés.
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Les 2 journées de portes ouvertes annuelles sont également de belles occasions : le groupe est sollicité pour apporter de nouvelles propositions, et chacun est amené à proposer la responsabilité qu’il assumera ce jour-là.
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Avec le Réseau Cocagne, des journées de rencontre entre plusieurs jardins sont organisées, avec un temps de travail en groupe permettant d’échanger sur les pratiques et de proposer des améliorations.
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La démocratie demande du temps, c’est sûr, mais ce temps est largement récupéré par la dynamique créée : cohésion de l’équipe, responsabilisation, et finalement meilleure efficacité. C’est un apprentissage mutuel : tant du point de vue de l’animateur (qui doit faire confiance à l’intelligence collective du groupe, qui expérimente avec bonheur que le vrai changement passe par cette phase d’expression et d’écoute) que des participants (tout le monde n’est pas en capacité de s’exprimer ; l’écoute est aussi un apprentissage ; un jour, on ose s’exposer, se confronter aux idées des autres !). Le groupe est en apprentissage permanent, à cause du turn over des ouvriers (qui restent en moyenne 14 mois). Évidemment tout ne se discute pas, pour ne pas bloquer l’activité quotidienne de l’association.
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Un risque : s’habituer à ce fonctionnement qu’on ne retrouvera peut-être pas dans une entreprise classique. A nous d’essaimer ces pratiques !
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Catherine Specklin
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Jardins d’ICARE – 3 rue des daims – 68780 SENTHEIM – 03 89 66 19 99
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1 Jardins de Cocagne : plus de 100 jardins en France, fédérés au sein du Réseau Cocagne
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publié dans le n°4 de novembre 2010, mis en ligne le 08/12/2011
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