mercredi, 30 of octobre of 2024

Humanisme et adversité

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Il faut changer le monde à grande échelle, pour que tout le monde puisse vivre. Que faire de ceux qui ne veulent pas le changer ? De ceux qui sont en partie responsables de son état actuel ? Les isoler ou les faire disparaître, c’est difficilement compatible avec nos idées humanistes. Dans la démocratie locale et représentative comme dans les coopératives, il y a toujours des personnes que l’on n’a pas envie de voir. Comment composer avec elles ? Une piste nous est proposée par Laurent Gounelle.

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» On commence à mener des recherches scientifiques sur l’amour, et on découvre des choses extraordinaires. Dans une université des USA, des chercheurs qui cultivaient des cellules cancéreuses dans une boîte de Petri ont eu l’idée de faire venir des étudiants dans leur laboratoire. Ils les ont rassemblés autour de la boîte et leur ont demandé d’« envoyer de l’amour » aux cellules cancéreuses. Les étudiants l’on fait, et les chercheurs ont mesuré scientifiquement que les cellules cancéreuses régressaient. Ils n’ont pas été capables d’expliquer ce phénomène1, pas plus d’ailleurs qu’ils ne peuvent dire comment, concrètement, les étudiants font pour « envoyer de l’amour », mais le résultat est là, indiscutable : les cellules ont régressé.

– C’est fou.

– Oui, l’amour a sans aucun doute de nombreux effets que l’on commence à peine à découvrir. Mais la plupart des scientifiques n’affectionnent pas ce genre d’expériences, car ils détestent mettre en évidence des phénomènes qu’ils ne sont pas capables ensuite d’expliquer. Il faut reconnaître que c’est frustrant, si l’on se met à leur place.

» Moi qui suis maintenant au seuil de ma vie, je deviens convaincu que l’amour est la solution à la plupart des problèmes que rencontrent les êtres humains dans leur vie. Cela peut sembler une idée simple, convenue, et pourtant pratiquement personne ne la met en œuvre, car il est souvent difficile d’aimer.

– Disons qu’il y a des gens qu’on n’a vraiment pas envie d’aimer. J’ai même l’impression parfois que certains font tout pour ne pas être aimés !

– Certains sont méchants car ils ne s’aiment pas eux-mêmes. D’autres sont pénibles parce qu’ils ont beaucoup souffert et veulent le faire payer à la terre entière. Quelques-uns, parce qu’ils se sont fait avoir par des gens et croient se protéger par une attitude désagréable. Certains ont été tellement déçus par les autres qu’ils ont refermé leur cœur en se disant qu’ils ne seraient plus déçus à l’avenir s’ils n’attendaient plus rien des autres. D’autres sont égoïstes car ils sont persuadés que tout le monde l’est, et ils croient alors qu’ils seront plus heureux s’ils passent avant les autres. Le point commun entre tous ces gens est que, si vous les aimez, vous les surprenez, car ils ne s’y attendent pas. La plupart, d’ailleurs, refuseront d’y croire au début, tellement cela leur semble anormal. Mais si vous persévérez et le leur démontrez, par exemple dans des actes gratuits, cela peut bouleverser leur façon de voir le monde et, accessoirement, leurs relations avec vous.

– Je veux bien l’admettre, mais ce n’est pas facile d’aller vers des personnes comme ça en ayant des sentiments positifs à leur égard.

– C’est plus facile si vous savez qu’un autre point commun entre tous ces gens est qu’il y a néanmoins une intention positive derrière chacun de leurs actes. Ils croient que ce qu’ils font est la meilleure chose à faire, voire la seule possible. C’est pour cela que, même si ce qu’ils font est critiquable, ce qui motive leurs comportements est souvent compréhensible.

» Pour pouvoir aimer une telle personne, distinguez-la de ses actes. Dites-vous que, malgré son attitude détestable, il y a quelque part, au fond d’elle, peut-être très enfoui et sans qu’elle le sache elle-même, quelque chose de bien. Si vous parvenez à percevoir ce quelque chose et que vous l’aimez, vous amènerez cette personne à entrer en contact avec cette petite part d’elle-même.

» Vous savez, l’amour est la meilleure façon d’obtenir un changement chez l’autre. Si vous allez vers quelqu’un en lui reprochant ce qu’il a fait, vous le poussez à camper sur sa position et à ne pas écouter vos arguments. Se sentant rejeté, il rejettera vos idées. Si, à l’inverse, vous allez vers lui en étant convaincu que, même si ce qu’il a fait ou dit est désastreux, il est, au fond de lui, quelqu’un de bien et qu’il avait une intention positive en le faisant, vous l’amenez à se détendre et à s’ouvrir à ce que vous voulez lui dire. C’est la seule façon de lui offrir une chance de changer.

– Cela me rappelle un fait divers que j’ai entendu à la radio, il y a quelques années. Cela se passait en France. Une femme avait été suivie jusqu’à son domicile par un violeur en série. Elle avait à peine ouvert sa porte qu’il s’était précipité, s’enfermant avec elle dans l’appartement. Il était armé, et elle, n’ayant rien pour se défendre et ne pouvant crier sous la menace de son arme, eut le réflexe de parler avec lui. Elle força la conversation, essayant en vain de le faire s’exprimer. Elle raconta que cela l’avait un peu déstabilisé, car il ne s’attendait pas à une telle attitude de la part de sa victime. Elle avait continué de parler, faisant les questions et les réponses, cachant tant bien que mal la frayeur qui s’emparait d’elle. À un moment, en désespoir de cause, elle eut une intuition salutaire en lui disant : « Mais je ne comprends pas pourquoi vous faites des choses comme ça alors que, pourtant, vous êtes quelqu’un de bien. » Elle a dit par la suite aux journalistes que son agresseur avait alors éclaté en sanglots, et lui avait raconté, en larmes, sa vie misérable, tandis qu’elle se forçait à l’écouter en continuant de masquer sa terreur. Elle avait fini par obtenir qu’il s’en aille de lui-même.

– Vous citez un cas extrême, mais il est vrai que les gens ont tendance à se comporter selon la façon dont on les voit, à s’identifier à ce que l’on perçoit en eux. Il faut comprendre que chacun de nous a des qualités et des défauts ; ce sur quoi l’on focalise son attention a tendance à prendre de l’ampleur, à s’étendre. Si vous braquez les projecteurs sur les qualités d’une personne, même si elles sont infimes, elles s’accentueront, se développeront jusqu’à devenir prépondérantes.

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Extrait du livre « L’homme qui voulait être heureux »* de Laurent Gounelle**

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* © Éditions Anne Carrière, Paris, 2008.

** auteur français de romans initiatiques teintés de philosophie, psychologie et développement personnel et inspirés par la PNL

1 NDLR : des pistes existent maintenant, notamment du côté de la Relativité Complexe qui avec des équations très rationnelles rend plausible plein de phénomènes que la rationalité classique ne peut pas expliquer

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publié dans le n°5 de mars 2011, mis en ligne le 14/12/2011


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