Le Revenu d’Existence, ques aco ?
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Aujourd’hui au vu de tout ce qui se passe dans le monde, le doute n’est plus permis : nous atteignons les limites d’un système qui nous mène à la catastrophe et qui pourtant refuse de rendre les armes.
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L’explosion des connaissances scientifiques aurait dû voir l’avènement d’une société mondialisée débarrassée des fléaux millénaires que sont la guerre, la famine, l’exploitation des humains par leurs semblables…
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Au lieu de cela, nous voyons que ces merveilleux outils sont utilisés de la façon la plus archaïque qui soit : tous les progrès accomplis, toutes les richesses produites ont été détournés de leur but pour favoriser encore plus une minorité de plus en plus réduite, mais de plus en plus riche. En résumé, l’humanité est aujourd’hui victime du plus gigantesque hold-up de son histoire, dû à ce décalage grandissant entre les productions de richesses et leur confiscation par les nouveaux féodaux du XXIème siècle.
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C’est tout cela qu’il faut avoir présent à l’esprit si l’on veut comprendre pourquoi il est nécessaire, indispensable, inévitable, d’instaurer un Revenu d’Existence (RE). Il faut sortir du culte de la rareté, alors que le monde nage dans l’abondance. Il faut sortir de l’axiome « pas de travail, pas de revenu », car désormais une grande partie de la richesse est produite par les machines, détruisant des pans entiers de l’activité humaine. Il faut abolir la suprématie du capital et sa recherche perpétuelle de rentabilité, qui stérilise toute activité qui ne génère pas de profit même si elle est utile à la société.
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Cette idée, qui n’est pas neuve, vient de plus en plus à l’ordre du jour. Jacques Duboin1 a été l’un des premiers à en exposer la théorie dans les années 30. Jusqu’à un candidat potentiel à l’élection présidentielle de 2012, Dominique de Villepin, pour ne pas le nommer, qui propose l’instauration d’un revenu de 850 euros par mois. Le MNCP2, bien placé pour mesurer la difficulté qu’il y a aujourd’hui à trouver un emploi correctement rémunéré dans la société française, a lui aussi dans sa charte revendicative la proposition d’instaurer un RE pour tous, sans condition d’activité.
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Il reste qu’instaurer ce revenu n’est pas simple. Il ne fait pas l’unanimité quant à son montant, ses modalités d’application et la population potentiellement concernée par cette mesure. Il oblige à se poser l’épineuse question de la place des autres revenus (du travail, du patrimoine…).
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Bien sûr, en ces temps de crise de société, il semble qu’il y ait des besoins plus urgents à satisfaire que de réorganiser la production et la répartition des richesses en fonction des besoins effectifs d’une population dans une société donnée. Mais pourtant, il faudrait justement réfléchir aux moyens de s’attaquer aux causes de cette crise qui nous plonge perpétuellement dans l’urgence, et mettre en oeuvre d’autres solutions que le perpétuel cautère sur la jambe de bois. C’est ce à quoi s’attache le présent numéro du Colibri, qui tente de mener une réflexion sur ce sujet promis à un grand avenir : le Revenu d’Existence.
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André Barnoin
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1 dans sa revue la Grande Relève http://economiedistributive.free.fr/spip.php?rubrique1
2 Mouvement National des Chômeurs et Précaires – www.mncp.fr
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publié dans le n°6 de juin 2011, mis en ligne le 15/12/2011
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