mercredi, 30 of octobre of 2024

Manfred Reist, promoteur du Revenu de base en Suisse

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Cet homme a contribué pour l’un des aspect de l’Économie Distributive : Manfred Reist s’est battu dans le réseau des 3 frontières pour développer l’idée du Revenu d’Existence.

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Dans son discours sur les 400 ans de l’État social, le 29 janvier 2004, Manfred Reist argumentait l’idée du revenu de base pour tout le monde et sans condition. C’était l’introduction du « Tribunal de la pauvreté » dans le théâtre de la ville de Bâle, qu’il organisait avec le syndicat des travailleurs précaires IGA et le comité des chômeurs de Bâle AKB1. Cet événement était inspiré de la « Conférence de la pauvreté d’en bas » de Berlin, s’était rendu un groupe de chômeuses et de chômeurs de la région transfrontalière2 du Dreieckland.

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Quelques années plus tôt en 1999, il avait obtenu que ce principe soit inclus dans la charte constitutive de VETO3, le réseau des initiatives de chômeurs du Dreieckland. Et c’était déjà son cheval de bataille en 1997 dans la Marche européenne contre l’exclusion et la pauvreté sur le pont de Mulheim entre Bâle et Mulhouse.

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Journaliste et philosophe, Manfred a toujours lutté pour et à côté de tous les pauvres. Ses armes étaient les livres. Il appréciait particulièrement le premier personnage qui proposa une vraie sortie de la pauvreté : Juliet Rhys Williams, qui préconisait un revenu de base garanti (New Social Contract, social dividend tax) pendant la deuxième guerre mondiale.

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Manfred a été très inspiré par la philosophe Hannah Arendt (sujet de son doctorat). D’elle il tira le courage de dire en public tout ce qu’il pense, sans hésiter et sans avoir peur des conséquences. Juive qui avait s’enfuir du 3e Reich, elle décrit dans son œuvre principale « Vita activa » la fragilité de la sphère politique, qui ne tient que par le courage des hommes et des femmes de l’espace public qui osent dire leur opinion, en acceptant d’en payer le prix.

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Il ouvrait ainsi les esprits sur l’histoire de la politique du pouvoir. Régulièrement, les gouvernants, à cause de la crainte des pauvres, élaboraient des politiques les stigmatisant, en séparant les bons pauvres (ceux qui n’y peuvent rien) des mauvais pauvres (ceux qui ne font assez d’effort et donc qui sont eux-mêmes responsables de leur pauvreté).

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Synthétisant les diverses conceptions du Revenu d’Existence (RE), il le caractérisait ainsi : revenu garanti, pour tous dans le pays, voire dans l’Europe ou dans le monde entier, inconditionnel, suffisant pour couvrir l’existence.

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Il insistait pour qu’on ne confonde pas le RE avec l’impôt négatif sur le revenu. Ce dernier n’est pas inconditionnel puisqu’il n’est versé qu’à ceux dont les revenus sont faibles, il reste dans la logique du capitalisme.

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Le RE supprimerait le chantage qui oblige les gens à trouver un travail coûte que coûte. Leur existence étant assurée par un revenu suffisant, chacun pourrait choisir librement de s’investir dans la société. Le RE renforcerait la liberté individuelle et tendrait à transformer le système actuel de production et de marché capitaliste, et ses idéologies du travail, de l’économie et de la compétitivité.

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Il fut membre de l’association BIENSuisse4 jusqu’à sa mort le 10 juin 2004.

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Hans-Georg Heimann

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2 région à cheval sur la Suisse, l’Allemagne et la France

3 Vereinigung der Erwerbsloseninitiativen der Trinationalen Region Oberrhein

4 réseau Basic Income Earth Network

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publié dans le n°6 de juin 2011, mis en ligne le 15/12/2011


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