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Namibie : le BIG supprime la misère

Le Revenu d’Existence n’est pas une lubie de pays « riches » : le BIG expérimenté en Namibie nous montre que la grande pauvreté pourrait disparaître du jour au lendemain.

Extrait de l’article d’Éric Goujot publié dans le Colibri S&D n°6 de juin 2011
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En Namibie1 règne l’abondance : tant en diamants qu’en pauvreté. Le pays présente les plus grands écarts de revenus au monde. Soucieux d’améliorer la situation, le gouvernement a créé en 2002 une commission, laquelle a conclu « que la mise sur pied d’un revenu de base garanti est le meilleur outil pour contrer la pauvreté et les inégalités ». Des associations, ONG et Églises se regroupèrent au sein de la coalition BIG2. Après trois ans de débats et de démarches infructueuses, la coalition décida néanmoins d’implanter le projet dans un village.

Elle choisit un endroit dans lequel il ne se passerait rien pendant au moins deux ans : Otjivero-Omitara3. Un millier d’habitants dont les deux tiers étaient au chômage, sous-alimentation (un enfant sur deux), déscolarisation (40% des enfants ne finissent pas leur scolarité), SIDA, alcoolisme…

Sous l’œil attentif d’une équipe de chercheurs locaux et internationaux formée pour évaluer l’impact de cette mesure, tous les résidents de moins de 60 ans4 ont reçu de 2008 à 2009 un revenu d’existence (RE) mensuel de 100 $ namibiens (environ 10 €, soit un tiers du minimum vital) sur leur carte à puce personnelle.

L’assemblée villageoise avait désigné un comité pour mobiliser et conseiller la population, gérer et surveiller le versement du revenu de base. En outre, elle a imposé, à titre préventif, la fermeture des auberges du village chaque jour de paiement.

Pour éviter un travail fastidieux qui aurait coûté trop cher en vérifications, et également pour ne pas pénaliser les gens qui trouveraient un travail, le BIG a été versé à tous, sans condition de ressources.

Contrairement au discours des institutions supranationales, le FMI en particulier, les paiements directs et inconditionnels ne provoquent pas l’effondrement de la moralité privée et publique, ni une catastrophe économique.

La criminalité, le nombre de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté, le nombre d’enfants sous-alimentés… ont fortement diminué. La scolarisation des enfants, l’habitat… se sont améliorés. Des commerces se sont créés. Le revenu garanti a aussi affranchi les femmes. Plusieurs n’ont plus à se prostituer pour survivre.

Le seul problème est que le village attire maintenant du monde : la population est passée de 1.200 à 2.000 habitants

C’était une évidence depuis longtemps pour nombre d’alter-mondialistes mais encore réfuté par les doctrines officielles. Contrairement au micro-crédit qui n’agit que sur la production, le RE a un impact supplémentaire, primordial, sur la demande.

L’extension du projet à l’ensemble de la Namibie fait débat au sommet de l’État. Sa généralisation ne poserait pourtant guère de problèmes budgétaires. Il ne coûterait que 5 à 6 % du budget national. C’est-à-dire quelques prélèvements sur les exportations de matières premières et mesures de lutte contre l’évasion fiscale. Ou plus simplement un relèvement du taux de TVA de 2% et d’une légère augmentation de l’imposition sur les revenus les plus hauts. Certains ministres s’y opposent catégoriquement. Ce qui n’est probablement pas sans lien avec le rapport sur le revenu de base élaboré par une délégation du FMI5, rapport basé « par hasard » sur des données erronées.

Le projet-pilote s’est terminé au bout de la deuxième année. Toutefois, la coalition BIG ne pouvait rester sans rien faire et laisser les habitants revenir aux niveaux dégradants de pauvreté dans lesquels ils vivaient avant. Ils ont donc décidé de verser une allocation-relais de 80 $ namibiens à ceux qui percevaient le BIG. Ce n’est pas une solution, mais une « mesure anti-rechute ».

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Éric Goujot

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1 située au nord de l’Afrique du Sud

2 Basic Income Grant Coalition

3 100 km à l’est de la capitale

4 les retraités touchent une pension dont le montant est supérieure au BIG

5 Fond Monétaire International

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publié le 11/06/2011


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