Le Colibri S&D n°3 traitait du thème du logement. En complément, voici une analyse de François Plassard sur l’étape franchie fin 2010 par un gouvernement peu scrupuleux. Espérons que les sénateurs seront plus dignes que les députés lors du prochain vote de janvier…
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« Quand un peuple ne demande plus à son gouvernement que de l’ordre et de la sécurité, c’est qu’il est déjà malade dans son cœur, alors la porte est ouverte à l’homme providentiel qui viendra l’enchainer »
Alexis de Tocqueville 1838
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Pour comprendre la dérive névrotique de notre société vers le Tout Ordre et Tout Sécuritaire (au delà de la notion de dose nécessaire ou de bon sens commun proportionnée à son objet), je faisais l’hypothèse du choix conscient ou inconscient par le Politique de la tactique de « pompier pyromane » dont les médias s’abreuvent, parce que la peur fait acheter l’information, surtout visuelle.
Qu’est ce que la logique pompier pyromane ? (Au delà de celle maintenant bien connue des pompiers corses qui allumaient des feux pour arrondir leurs fins de mois…) C’est allumer des feux (de violence), là où l’on sent de la discorde possible, pour pouvoir les éteindre en complicité avec les médias. Efficacité électorale garantie et images émotionnelles en prime dont la télé est avide ! (Par exemple la politique du chiffre de la police qui met les gendarmes en posture délirante (car schyso) vis-à-vis du citoyen, voir l’explosion du nombre des gens ordinaires passant une nuit au poste pour des non lieux…)
Mais avec la loi loppsi-2 sur le logement précaire, une nouvelle étape de violence se prépare sous nos yeux stupéfaits de la logique perverse de « pompiers pyromane » : la faillite du politique, pour qui la politique du logement a moins d’importance que l’urgence de gagner des élections ! Comment ? Grâce au thème sécuritaire avec la complicité des médias (80% sont sous influence) en allumant des feux (avec mise en scène) sur les caravanes, roulottes, yourtes, camions, campings, lieux de vie à détruire (belles images en perspective pour la télé) parce que abritant des nomades choisis ou subis, considérés comme des semences de violence ou d’immoralité à faire disparaître (pour aller où ?) !
A l’exception des touristes argentés, les sédentaires n’ont jamais aimé les modes de vie nomades ! (Caen le sédentaire tua son frère Abel le nomade, dit on !)
En prémices, j’ai vu il y a deux ans 90 gendarmes avec maîtres-chien mobilisés par une sous-préfette pour virer un couple de squatters dans la France profonde (le coût de l’opération aurait pu leur assurer un logement gratuit pendant 30 ans !) !
Avec 118 000 jeunes habitant dans des camions, 58 100 cabanes recensées (Fondation abbé Pierre), les médias vont pouvoir se régaler d’images de logique « pompiers pyromanes » pour détourner l’attention des électeurs sur de l’émotionnel ! Plutôt que sur les vrais questions d’un nouveau contrat social à inventer quand globalement les machines remplacent le travail des humains, quand en 30 ans les revenus du capital ont augmenté de 22% et les revenus du travail ont baissé de 17% !
Dans cette logique électorale de la loi loppsi-2, il va falloir embaucher deux fois plus de gendarmes armés et équipés de cameras médiatiques alors qu’on aurait besoin de deux fois plus d’agriculteurs pour manger Bio et diminuer par deux l’hécatombe du cancer, alors qu’on aurait besoin de deux fois plus de confiance partagée localement en mutant d’une logique de « plein emploi » devenue impossible à une logique de « plein activité-créativité reconnaissance pour tous » ! Ceux qui inventent des modes de vie plus légers en empreinte écologique, les prochaines victimes de la loi loppsi-2, devraient plutôt être regardés avec attention pour ouvrir de nouveaux chemins par nos politiques !
Nos médias ne devraient-ils pas préférer le débat sur le « revenu de base » que nous proposent nos amis allemands (film sur internet1) pour sortir de l’hypocrisie du débat sur l’emploi et les revenus ? Plus que nous, les Français et les Allemands auraient-ils lu A. Toqueville ? Ils savent combien les logiques orchestrées de « victimes émissaires » (autrefois les juifs) peuvent nous appeler des nouveaux Hitler providentiels, avec les bulletins de vote du bon peuple qui vote car il a encore la chance d’avoir un emploi ou une retraite et un revenu, pour en mettre la moité (pour les plus pauvres) dans un logement (alors que le logement représentait 10% de son revenu en 1945 !)
Ne retombons pas dans les pièges de régulation de la violence collective, comme nous l’enseigne l’Histoire à chaque effondrement de l’emploi (parce que nous l’avons réduit à l’obtention de la reconnaissance d’autrui et à l’obtention d’un revenu pour survivre). Admirons plutôt ceux qui transforment le travail en activité qui fait sens localement, ceux qui transforment le travail en œuvre !
Ne cédons pas à ce piège de production des victimes émissaires qui ne profite qu’à ceux qui briguent la course au pouvoir !
Pour éviter cette accélération des processus émotionnels (une raison qui devient déraison) qui nous ont déjà plusieurs fois conduits à la guerre, indignons-nous ! Comme l’ambassadeur, ancien résistant de 93 ans et rédacteur de la Déclaration des droits de l’homme, Stéphane Hessel2, désamorçons la bombe sociale de la loi loppsi-2 sur le logement précaire, signons la pétition et offrons le petit livre de Stéphane Hessel à nos proches !
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François Plassard
Un acteur de dynamique participative de logement bioclimatique à moindre coût, mais avec combien de difficultés !
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publié le 21/01/2011
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