L’appel du 18… novembre
C’est ce jour-là que la Maison de la Citoyenneté Mondiale de Mulhouse a organisé un FORUM transfrontalier et participatif, dans le cadre du Mois de l’Économie Sociale et Solidaire avec pour objectif d’étendre la question à l’Économie Distributive.
Être solidaire ici et là-bas était en fait le thème fédérateur.
Et c’est ainsi que dans un premier temps, nous avons abordé au cours d’une table ronde la question d’actualité qui consiste à nous rendre compte que ce qui nous arrive actuellement en France et… dans le monde n’est pas une crise, ni une panne, mais la faillite d’un système basé sur l’appât, l’obsession du gain , la spéculation , l’exploitation de l’autre , la réduction de l’être humain à un rôle de facteur de production avec (pour les plus généreux) la possibilité de distribuer une partie du surplus (en fait des miettes) aux plus pauvres !!!
Cette mise en condition nous a permis de démarrer des Ateliers véritablement participatifs qui ont non seulement donné la possibilité à des économistes, des porteurs de projets, mais également à des chômeurs, à des personnes en situation de précarité (en fait une véritable mixité sociale) de se retrouver, de manière conviviale, participative. Les uns et les autres ont pu présenter leurs expérimentations, leurs projets. Les Ateliers reprenaient des thèmes, somme toute, assez classiques mais néanmoins existentiels tels que :
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l’emploi,
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la monnaie,
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comment se loger, se nourrir, s’habiller
Les débats étaient passionnés et… passionnants. Les intellectuels étaient parfois surpris par les réactions spontanées des chômeurs.
Mais en définitive, les uns et les autres se sont rencontrés, ont tenté et souvent réussi à s’écouter pour mieux se comprendre et se sont donné envie de poursuivre ensemble la réflexion et… les expérimentations en cours ou à venir.
Parmi les sujets les plus évoqués on a distingué :
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le groupe de parole des chômeurs et précaires, qui a pour but de lutter contre l’isolement des personnes, de pouvoir parler et d’être écouté par rapport à leurs problèmes et de donner envie de lutter, de résister ;
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la couverture vivante qui permet à toute personne de prendre sa place dans le monde et d’œuvrer à son échelle pour la paix (pour cela, il suffit de créer, à partir d’un carré de tissu de 25 cm X 25 cm un message, dessin ou broderie représentant la paix aux yeux de chacun) ;
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un Magasin pour Rien, qui permet à certains d’apporter, de déposer gratuitement des objets dont ils n’ont plus besoin et à tous de venir récupérer également gratuitement 3 objets de leur choix (on récupère, on donne, on recycle, on répare, on remet gratuitement en circulation) ;
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le prêt solidaire : étonnant au départ, ce projet porte les valeurs de la coopération, de la participation, de l’entraide et de l’accès au prêt sans intérêt pour les personnes qui en font la demande. Ce projet développe une alliance entre différentes classes sociales ;
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la monnaie complémentaire, qui permet de remplacer la notion de spéculation par la volonté de favoriser l’échange et le partage .
Une foule d’autres projets tels « SOS Fringues », l’aide alimentaire spécifique, l’agriculture urbaine, la rénovation des logements pour et par les occupants, le cybercafé solidaire, les continents solidaires, les solidarités transnationales, le tourisme solidaire, ont été présentés, débattus tout au long de la journée.
Mais… mais… me direz-vous, quel rapport avec l’Économie Distributive ?
Eh bien, figurez-vous qu’en y regardant d’un peu plus près, on s’est rendu compte que dans toutes ces initiatives il y a une véritable pratique qui consiste à partager les responsabilités :
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les monnaies complémentaires, qui restent certes complémentaires mais permettent néanmoins de nous ouvrir, de nous approcher vers l’idéal d’une monnaie universelle véritablement distributive qui s’annule quand on s’en sert ;
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le Magasin pour Rien est l’illustration parfaite que l’abondance, la distribution gratuite peuvent exister ou sont possibles ;
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la rénovation des logements par et pour des personnes souvent exclues de la société, démontre que la propriété d’usage peut devenir réalité ;
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le lancement d’une petite expérience de prêt solidaire a permis de constater qu’il existe des personnes qui acceptent de mettre dans un pot commun des sommes d’argent et de les prêter, sans intérêt, à d’autres.
Certes, on est encore loin d’un monde
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Où chacune et chacun peut bénéficier d’une Allocation Universelle (un ticket pour la vie) ;
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Où l’on met en place un service pour l’exécution des travaux pénibles (plutôt que des les réserver aux précaires) ;
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Et où existe la libre initiative qui permet à chacune et chacun d’acheter ce qu’il veut avec son argent, sa monnaie distributive.
Et… pourtant… en y regardant de près, j’ai l’impression qu’on s’y approche, lentement mais… sûrement :
Parce qu’on y croit,
Parce qu’on est persuadé que face à une société où les uns gèrent l’abondance, alors que les autres vivent dans la précarité et l’exclusion, c’est le seul moyen, c’est la seule chance qui nous est offerte de VIVRE ENSEMBLE.
Voilà pourquoi ENSEMBLE, nous avons lancé cet Appel du 18… novembre, qui consiste à dire, à décréter, à hurler sur la place publique :
LUTTONS ENSEMBLE ! RÉSISTONS, EXPÉRIMENTONS, DÉMONTRONS À L’USAGE QUE LE LIEN EST PLUS IMPORTANT QUE LE BIEN ET… QUE L’ÉCONOMIE NE PEUT, NE DOIT PAS ÊTRE SOLITAIRE, MAIS SOLIDAIRE ET SURTOUT DISTRIBUTIVE.
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Roger Winterhalter
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publié le 17/02/2011
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