Le Colibri S&D a publié dans le numéro 4 des exemples d’expériences réussies de stochocratie. La rédaction était très partagée sur la publication ou non de cet article : il aiderait à ouvrir les esprits pour certains, il discréditerait le Politique pour d’autres. Par ouverture d’esprit, nous avons finalement décidé de le publier dans le journal papier, en lançant un débat sur le site internet..
N’est-ce pas une fausse bonne solution ? Serait-ce applicable à grande échelle, en Économie Distributive ou dans nos actuelles démocraties ? Le débat est ouvert, réagissez en envoyant votre commentaire !
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Voici l’argumentation de Damien Réhar, militant du tirage au sort :
Les élections nuisent gravement à la démocratie.
Selon Aristote, « le vote était d’essence aristocratique et le tirage au sort d’essence démocratique ».
Pour s’en convaincre il suffit d’effectuer un rapide bilan des politiciens au pouvoir ou de ceux qui veulent leurs places, l’immense majorité est issue des classes sociales supérieures. Mitterand, Chirac, Balladur, De Villepin, Raffarin, Fabius, Berlusconi, Bush (père et fils), DSK, Giscard, etc…
Revenir aux fondements de la démocratie
Etymologiquement, demos veut dire peuple et kraten pouvoir. Donc, le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. En quoi, les retraites, les OGM, les autoroutes, la politique énergétique, les traités européens sont-ils débattus par le peuple ?
Alors, quelle solution pour que le peuple puisse à nouveau jouir de son pouvoir ?
Je prône la stochocratie ou le tirage au sort des élus.
Le tirage au sort ne résout pas tous les problèmes, mais presque
En stochocratie, il sera impossible de « faire carrière ». A-t-on déjà vu quelqu’un gagner deux fois de suite, le 6 au loto ? La « magie » du tirage au sort ne permettra pas ce genre de fantaisie, coutumière avec le vote.
L’élu stochocratique devra être présent sur les bancs des parlementaires, comme n’importe quel salarié. En cas d’absence injustifiée, sa rémunération en sera écornée au prorata temporis.
Une représentativité presque parfaite
Si un nombre fait l’unanimité chez les statisticiens pour qu’un échantillon soit représentatif d’une population, c’est celui de 1 000. Ce nombre, correspond à l’addition des deux chambres parlementaires, l’assemblée nationale et le sénat. Il en résultera une véritable représentativité, les femmes représenterons 52 % des parlementaires, les ouvriers 20 % les employés 20 %, les chômeurs 15 %, les français vivant avec moins de 1 200 € par mois 50 %, n’oublions pas les énarques et autres notables, mais dans la même proportion que dans la vraie vie.
Et pour que la représentativité soit parfaite, les indemnités de chaque parlementaire seront basées sur leurs salaires antérieurs au tirage au sort. Dans la vraie vie, il y a une disparité salariale, cette dernière, si l’on veut une assemblée représentative de la population française, doit subsister.
Ce n’est qu’à cette condition que l’on pourra obtenir de véritables débats entre différentes classes sociales et non plus, comme c’est le cas, entre nos élus actuels, qui ont obligation de se plier à la dictature de leur parti.
Le problème de la compétence
Les grecs anciens considéraient déjà que la gestion de la République était une chose trop sérieuse pour la confier à des politiciens. Actuellement, si chaque citoyen a les compétences requises pour voter le candidat de son choix, même s’il est avéré qu’il soit « le fils spirituel de Hitler2 » il, a également les compétences pour siéger dans une assemblée. Grâce à l’éducation nationale, chaque français est censé, savoir lire, écrire, calculer et raisonner, ce qui en fait un citoyen éclairé.
L’abstention active pour parvenir à imposer la stochocratie
Comme toute guerre se termine par manque de combattants, je vous invite à rejoindre les abstentionnistes actifs. Actifs dans le sens où, ils ne souhaitent plus donner de crédit, par leur vote (qu’il soit, de droite, de gauche, nul ou blanc) à un système qui n’a de démocratie que le nom.
Et vous savourerez un plaisir rare, celui de demander à votre député de vous expliquer la provenance de sa légitimité avec une participation déclinant d’élection en élection.
Damien Rehar
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Citations :
– Aristote « il est démocratique, par exemple, de tirer les magistrats au sort ; oligarchique, de les élire »
– Jean-Jacques Rousseau « Spartes était une aristocratie parce que ses magistrats étaient élus »
– Montesquieu « Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie ; le suffrage par le choix est de celle de l’aristocratie »
– Louis XVIII « Le représentatif me convient à merveille… depuis que nous avons des députés à nous (…) ils ne me coûtent pas, chaque année, un mois de Mme de Cayla… (…) je n’aimais point du tout ce représentatif ; mais il est à notre bénéfice et dont le produit est immense, le danger nul, quoi qu’on en dise…».
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Livres conseillés par l’auteur :
L’élection organise une aristocratie, L. Henry et Ph-A Pouille, 10 mars 2008.
La Stochocratie, Roger de Sizif, éd les belles lettres. 1998.
La démocratie est morte, vive la clérocratie ! François Amanrich, , Barre & Dayez, 1999
Principes du gouvernement représentatif Bernard ManinFlammarion, coll. « Champs », 1996
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Liens utiles conseillés par l’auteur :
http://stochocratie.free.fr
http://conallboyle.com
http://etienne.chouard.free.fr
http://www.clerocratie.com
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Voici la réponse à Damien Rehar de Jean-Yves Causer et Dédé Barnoin :
La « stochocratie » : une vraie fausse bonne idée ?
Face à la bureaucratisation de la vie politique ou aux difficultés de faire entendre ceux qui sont « parlés » (c’est-à-dire tous ceux qui seraient à la fois condamnés au silence et aux préjugés des commentateurs autorisés à en parler) et qui ne constituent pas, aux yeux de bon nombre de responsables politiques, une clientèle électoralement porteuse ou intéressante, le désir est grand d’instaurer de nouvelles règles du jeu avec des mots d’ordre simplificateurs : tirons au sort nos responsables politiques pour susciter un appel d’air démocratique !
Cette proposition contient, en fait, deux présupposés implicites : le premier est que tous les avis se valent même lorsqu’il faut trancher par rapport à un dossier lourd ou complexe et le second sous-entend que la nécessité de transformer en profondeur le système néolibéral n’est plus une priorité dans la mesure où les élus tirés au sort seraient garants d’un fonctionnement démocratique renouvelé.
Ce qui peut ressembler à une bonne blague à la Coluche, du style « prenons les meilleurs à gauche et à droite », (l’ouverture était déjà en germe en 1981?), ne peut qu’insulter tous les élus de terrain, (les plus nombreux), qui donnent de leur temps au quotidien sans rien attendre en retour. A défaut d’une marque de reconnaissance, il importe de ne pas les caractériser comme de simples pions interchangeables. Il serait d’ailleurs temps de ne plus confondre valeur sociale de l’agent qui se réfère à une réputation, à l’appartenance identitaire à une pluralité de réseaux (surface sociale ou capital symbolique aurait dit le sociologue Pierre Bourdieu) et valeur humaine de la personne se jaugeant à la capacité de donner et de se donner sans compter (ce qui nous ramène notamment aux travaux du Manifeste Anti Utilitariste en Sciences Sociales).
Plus sérieusement, nous ne pensons pas que des aménagements marginaux, comme le tirage au sort des représentants au sein de groupes de militants (évidemment plus pertinents qu’un simple sondage aléatoire) puissent nous dispenser d’un mouvement sociétal européen, aujourd’hui indispensable pour l’instauration d’une politique alternative au capitalisme. Ce qui ne nous empêche pas de promouvoir diverses expérimentations solidaires car le combat pour une meilleure participation active et citoyenne passe par les urnes, les manifestations et l’expérimentation de nouveaux modes du vivre ensemble. C’est pourquoi nous ne pouvons souscrire au concept de stochocratie qui substitue le hasard à l’engagement politique.
Jean-Yves Causer et Dédé Barnoin
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À vous de réagir en rédigeant votre commentaire…
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Les élections nuisent gravement à la démocratie.
Selon Aristote, « le vote était d’essence aristocratique et le tirage au sort d’essence démocratique ».
Pour s’en convaincre il suffit d’effectuer un rapide bilan des politiciens au pouvoir ou de ceux qui veulent leurs places, l’immense majorité est issue des classes sociales supérieures. Mitterand, Chirac, Balladur, De Villepin, Raffarin, Fabius, Berlusconi, Bush (père et fils), DSK, Giscard, etc…
Revenir aux fondements de la démocratie
Etymologiquement, demos veut dire peuple et kraten pouvoir. Donc, le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. En quoi, les retraites, les OGM, les autoroutes, la politique énergétique, les traités européens sont-ils débattus par le peuple ?
Alors, quelle solution pour que le peuple puisse à nouveau jouir de son pouvoir ?
Je prône la stochocratie ou le tirage au sort des élus.
Le tirage au sort ne résout pas tous les problèmes, mais presque
En stochocratie, il sera impossible de « faire carrière ». A-t-on déjà vu quelqu’un gagner deux fois de suite, le 6 au loto ? La « magie » du tirage au sort ne permettra pas ce genre de fantaisie, coutumière avec le vote.
L’élu stochocratique devra être présent sur les bancs des parlementaires, comme n’importe quel salarié. En cas d’absence injustifiée, sa rémunération en sera écornée au prorata temporis.
Une représentativité presque parfaite
Si un nombre fait l’unanimité chez les statisticiens pour qu’un échantillon soit représentatif d’une population, c’est celui de 1 000. Ce nombre, correspond à l’addition des deux chambres parlementaires, l’assemblée nationale et le sénat. Il en résultera une véritable représentativité, les femmes représenterons 52 % des parlementaires, les ouvriers 20 % les employés 20 %, les chômeurs 15 %, les français vivant avec moins de 1 200 € par mois 50 %, n’oublions pas les énarques et autres notables, mais dans la même proportion que dans la vraie vie.
Et pour que la représentativité soit parfaite, les indemnités de chaque parlementaire seront basées sur leurs salaires antérieurs au tirage au sort. Dans la vraie vie, il y a une disparité salariale, cette dernière, si l’on veut une assemblée représentative de la population française, doit subsister.
Ce n’est qu’à cette condition que l’on pourra obtenir de véritables débats entre différentes classes sociales et non plus, comme c’est le cas, entre nos élus actuels, qui ont obligation de se plier à la dictature de leur parti.
Le problème de la compétence
Les grecs anciens considéraient déjà que la gestion de la République était une chose trop sérieuse pour la confier à des politiciens. Actuellement, si chaque citoyen a les compétences requises pour voter le candidat de son choix, même s’il est avéré qu’il soit « le fils spirituel de Hitler2 » il, a également les compétences pour siéger dans une assemblée. Grâce à l’éducation nationale, chaque français est censé, savoir lire, écrire, calculer et raisonner, ce qui en fait un citoyen éclairé.
L’abstention active pour parvenir à imposer la stochocratie
Comme toute guerre se termine par manque de combattants, je vous invite à rejoindre les abstentionnistes actifs. Actifs dans le sens où, ils ne souhaitent plus donner de crédit, par leur vote (qu’il soit, de droite, de gauche, nul ou blanc) à un système qui n’a de démocratie que le nom.
Et vous savourerez un plaisir rare, celui de demander à votre député de vous expliquer la provenance de sa légitimité avec une participation déclinant d’élection en élection.
Damien Rehar
Citations
– Aristote « il est démocratique, par exemple, de tirer les magistrats au sort ; oligarchique, de les élire »
– Jean-Jacques Rousseau « Spartes était une aristocratie parce que ses magistrats étaient élus »
– Montesquieu « Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie ; le suffrage par le choix est de celle de l’aristocratie »
– Louis XVIII « Le représentatif me convient à merveille… depuis que nous avons des députés à nous (…) ils ne me coûtent pas, chaque année, un mois de Mme de Cayla… (…) je n’aimais point du tout ce représentatif ; mais il est à notre bénéfice et dont le produit est immense, le danger nul, quoi qu’on en dise…».
Livres conseillés par l’auteur :
L’élection organise une aristocratie, L. Henry et Ph-A Pouille, 10 mars 2008.
La Stochocratie, Roger de Sizif, éd les belles lettres. 1998.
La démocratie est morte, vive la clérocratie ! François Amanrich, , Barre & Dayez, 1999
Principes du gouvernement représentatif Bernard ManinFlammarion, coll. « Champs », 1996
Liens utiles conseillés par l’auteur :
http://stochocratie.free.fr/
http://conallboyle.com
http://etienne.chouard.free.fr/
http://www.clerocratie.com
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